ETRE ARTISTE ET PARENT A PLEIN TEMPS
Etre artiste et parent à plein temps.
Issu d’une famille nombreuse avec 7 frères et sœurs, plus jeune je me suis toujours dit que « Je reproduirai l’exploit de mes parents » enfin jusqu’au jour où la réalité a rattrapé mes pensées.
A bientôt 37 ans j’ai opté pour une « fin de carrière » avec trois petits oursons… Des garçons âgés de 6, 3 et 1 an. « Et la fille dans tout ça? » Dans une autre vie.
Mais comment on faisait avant ?
Aujourd’hui, il n’y a pas un jour où je ne me pose pas cette question : « Mais comment on faisait avant ? » (en référence au titre de la chanson de l’artiste 20Syl) et surtout comment faisaient mes parents. Beaucoup de mon entourage s’interrogent à mon sujet sur la manière dont je gère ma vie artistique et ma vie de famille. On me voit toujours souriant et tiré à 4 épingles dans les événements, réalisant des montagnes de projets à la semaine, au mois et à l’année. De la danse à la chorégraphie. De la réalisation au montage et à toutes sortes de créations visuelles. De la vie associative, administrative, au maître de cérémonie aux 4 coins de la France. Voici les quelques titres qui définissent mon train de vie de saltimbanque. Les réseaux sociaux embellissent et donnent du charme aux vies sociales, c’est le jeu mais sorti du contexte ça devient tout de suite moins drôle. Me concernant cela fait 6 ans que j’ai arrêté de croire aux solutions anti-cernes, quelle bande de menteurs.
Le chiffre 7 me hante.
Six ans que le chiffre 7 me hante, rien à voir avec les fameux 7 ans de mariage ou les 7 péchés capitaux c’est juste l’heure à laquelle mes gentils oursons se lèvent, la semaine comme les weekends et jours fériés inclus. Même en faisant la bringue entre frères la veille. A croire qu’ils ont une horloge interne. Parfois les matins d’été, si par inadvertance j’oubliais de fermer les volets, ils se lèvent avant les oiseaux. Six années que j’ai les yeux rouges comme mes cousins du bled à cause du manque de sommeil, d’insomnie et de nuits très courtes et piquantes. Du coup j’ai fini par m’habituer à la nouvelle tête qui m’était destinée avec cette moustache pointue « comme mon Daron » qui fait désormais partie intégrante de mon visage à vie.
Il me faut un espace de travail propre.
Etant indépendant et maniaque sur les bords je travaille de chez moi. Pour être efficace et productif il me faut un espace de travail très propre et un appartement rangé presque au millimètre. Bon… pour l’espace de travail très propre, on oublie. C’est doudous, tétines, biberons, voiture, Legos, jouets, feutres, gobelets en plastique et dessins de Spiderman (quand ils lui ressemblent…) qui règnent en maître sur mon bureau.
Le comique de répétition.
A l’époque lorsque ma mère voulait m’appeler elle revisitait tous les prénoms de mes frères et sœurs avant de tomber sur le mien, normal nous étions 7. Moi, rien qu’avec trois c’est la guerre. L’une des choses les plus fatigantes, c’est le comique de répétition. Répéter 4 fois la même phrases sous des intonations différentes allant de doux à hystérique, épuise. Telle cette phrase connue de tous « Les enfants rangez votre chambre » qui au bout de la quatrième se transforme en menace avec un monologue d’une dizaine de phrases.
Mort c’est presque ça.
Bien évidemment tu finis également par déserter toutes sortes de soirées salsa parisiennes ou quand tu daignes sortir cela relève de l’exploit « Ben dis-donc, t’étais mort ? Ça faisait longtemps qu’on t’avait pas vu ? ». Mort ! c’est presque ça. En règle générale moi qui clôturais les soirées avec la dame de ménage et les premiers camions poubelles parisiens, maintenant au bout de 4/5 danses mon corps prend dix ans d’âge, j’ai envie de dormir sur place. On a tendance à penser que les seuls moments de répits sont les nuits d’hôtels lors des déplacements danses et autre en tout genre mais détrompez-vous le chiffre 7 me hante à vie. Tu finis tout de même par te lever tôt avec une étrange sensation… de solitude mélangé avec la culpabilité d’avoir laissé ta moitié aux mains des trois petits dragons.
En mode Uber familial.
Pour moi, la compatibilité d’allier carrière professionnelle et vie de famille est totalement possible mais passe par des sacrifices, enfin un truc qui s’appelle comment ça. Souvent je me dis : si je n’avais pas tous ces petits monstres à déposer tous les matins dans trois lieux différents : crèche, maternelle et primaire en mode Uber familial. Si je n’avais pas à optimiser le plus possible ma journée avant qu’ils ne rentrent. Faire leurs bains et à manger tous les soirs. Faire une machine à laver tous les 2 jours, plier ranger leurs affaires. Faire les courses, nettoyer la maison après leur passage. Les consoler à chaque perte de tête de Lego. Les stopper à chaque fois qu’ils jouent en tournant autour de vous tel le système solaire à vous en donner le tournis et j’en passe. Je pense que j’aurai eu plus de temps pour ma carrière et pu abattre le triple de travail pour que Hollywood daigne enfin m’appeler. D’ailleurs ils ont dû le faire mais je devais surement être au parc des Buttes Chaumont à jouer aux petites voitures avec mes monstres.
L’équilibre de ma vie de saltimbanque.
Mais au final à quoi bon se tuer à la tâche et se faire les cheveux blancs avant l’heure. Ce sont ces petites choses de la vie quotidienne qui maintiennent l’équilibre de ma vie de saltimbanque, qui me ramène à la réalité quand la folie des grandeurs me dépassent et qui font mon complet bonheur.